Quand science-fiction et fantasy se rencontrent

Le 20 juin, 2025 — éditionindépendante, fantasy, illustrateur, illustration, laréunion, sf - 5 minutes de lecture
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Bonjour Quentin, peux-tu nous raconter comment est né « Loiso » et ce qui t’a conduit vers l’illustration ?

  Aussi loin que remontent mes souvenirs, le dessin a toujours été une passion pour moi. Pourtant, durant mes années aux Beaux-Arts, j’ai mis les crayons de côté pour explorer d’autres médiums — la photographie, la vidéo, l’installation. Ce détour fut riche, mais c’est en 2017 que Loiso quitte son nid, avec l’envie profonde de bâtir un univers qui m’est propre, mêlant illustration traditionnelle et parfois, un soupçon de 3D.  

Quels artistes ou univers ont influencé ton style et ta manière de raconter des histoires en images ? De quelle manière ton style actuel s’est-il construit ?

Le jeu vidéo a toujours été ma première grande source d’inspiration. Deux titres, en particulier, ont profondément nourri mon imaginaire : Phantasy Star Online, avec son esthétique rétro-futuriste, et World of Warcraft, pour la richesse et l’émotion de son univers fantasy.

Avec le temps, j’ai aussi réalisé à quel point l’héritage graphique de Métal Hurlant m’avait marqué. Cette influence, longtemps inconsciente, s’est révélée plus nettement à travers ma pratique actuelle, dans les textures, les compositions, et les atmosphères que je développe.

Originaire de l’île de La Réunion, je puise également mon inspiration dans la nature, omniprésente et éclatante. Les couleurs intenses, les jeux de lumière et les contrastes puissants qui m’entouraient enfant continuent d’imprégner mon travail aujourd’hui.

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Tu as choisi l’auto-édition pour tes livres illustrés. Pourquoi ce choix et quels défis rencontres-tu ?

J’ai toujours appris en autodidacte, alors l’idée de passer par un éditeur ne s’est pas vraiment imposée à ma pensée au départ. Au contraire, c’était l’occasion rêvée pour me plonger dans le monde de l’édition et apprendre par moi-même. Une belle opportunité de m’enrichir dans un domaine nouveau, tout en comprenant un petit peu mieux les exigences de ceux qui en font leur métier.

Je dirais que le plus grand défi pour moi a été d’ordre technique. Se lancer dans l’édition avec très peu d’expérience n’est pas simple : entre la maîtrise du logiciel, les questions de format, le choix du papier ou encore l’ajustement de la colorimétrie, chaque détail compte.

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Peux-tu nous décrire la naissance d’une illustration, de l’idée au résultat final ? As-tu un rituel ? Prends-tu des notes ou remplis-tu des carnets de croquis ?

Tout commence par un travail de réflexion que je fais au quotidien : définir ce que je veux exprimer, penser à la composition, au sujet, aux couleurs. Bien souvent, les images prennent forme dans ma tête avant d’exister sur le papier. En parallèle, je mène une recherche iconographique : je prends des photos – notamment pour capturer certains jeux de lumière – et je rassemble des références, comme des styles vestimentaires trouvés sur Internet par exemple.

Une fois ce matériau rassemblé, j’envahis mon espace de travail et c’est là que débute le croquis. Je dessine généralement sans multiplier les esquisses, sauf en voyage où il m’arrive de nourrir quelques carnets. Le plus souvent, je reste fidèle à l’idée initiale, celle que j’ai longuement mûrie et documentée.

Quand les grandes lignes sont posées, je passe à l’enrichissement du dessin, en ajoutant des détails un peu plus précis au crayon. Puis vient l’encrage, l’étape la plus longue et la plus méticuleuse. Je travaille chaque élément avec des lignes très fines, en soignant autant les contours que les ombrages, pour donner à l’illustration toute sa profondeur.

Ensuite, mon processus s’hybride un peu : je bascule sur le numérique pour le travail de la couleur. J’ai toujours été très attaché à mes dessins en noir et blanc, à l’émotion brute qu’ils véhiculent. Mais j’avais aussi envie d’explorer la couleur, de lui donner une place sans renier mes bases. Le numérique m’a permis de faire cohabiter ces deux mondes.

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Y a-t-il un thème ou un sujet qui revient souvent dans tes œuvres, de manière consciente ou inconsciente ?

Je ne cherche pas vraiment à faire passer un thème unique dans chacune de mes illustrations; chaque création est en quelque sorte une pièce un peu cryptique qui vient enrichir un univers plus vaste, plus global. Mais quand je regarde mon travail dans son ensemble, je remarque que l’hybridation, comme je le disais plus haut, revient souvent sans forcément le faire consciemment. J’aime mélanger les genres, faire cohabiter la science-fiction et la fantasy, sans forcément tracer de frontières claires entre les deux avec des personnages parfois ambigus, à la fois forts et délicats, souvent androgynes et créer des ponts entre des choses qu’on n’associerait pas naturellement. Avec cette idée de monde où tout peut coexister, se répondre ou se réinventer.  

Merci à Loiso-Quentin d’avoir répondu à nos questions.

Joubert Vincent

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