Interview de Céline Saint-Charle
Bonjour Céline, peux-tu te présenter à nos lecteurs/trices ?
Je suis Céline Saint-Charle, une autrice dite hybride. Non, je te rassure, je ne suis pas le fruit d’une quelconque manipulation génétique ! Cela signifie que je suis à la fois éditée et auto-éditée.
J’écris les histoires qui me viennent en tête, depuis l’âge de 6 ans ½, sans me cantonner à un genre précis. Ni même à une tranche d’âge, d’ailleurs. Ce qui fait que ma bibliographie est assez perturbante pour les lecteurs qui aiment bien mettre les auteurs dans des petites cases.
Car je sévis aussi bien en post-apo qu’en thriller, aussi bien pour les tout-petits que pour les adultes. Si une histoire veut sortir, qu’elle sorte. Qui suis-je pour lui refuser le droit d’exister, après tout ?
Raconte-nous dans quelles conditions tu écris ?
Depuis que j’ai découvert les traitements de texte, au siècle dernier, j’écris exclusivement sur ordinateur. Le stylo ne va pas assez vite pour suivre ma pensée (j’ai une pensée pour mes héritiers qui n’auront pas de manuscrit à vendre à prix d’or sur Ebay).
Je préfère écrire l’après-midi, mais s’il le faut vraiment (deadline éditoriale par exemple), je peux écrire à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit. Toujours en musique et toujours avec des litres et des litres de thé ! Sinon, je fais grève et ce sont mes personnages qui trinquent.
J’essaye de ne travailler que sur un roman à la fois (note l’emploi du verbe « essayer », qui indique bien que je n’y arrive pas toujours). Toutefois, j’adore intercaler l’écriture de nouvelles entre deux chapitres de roman.
J’aime d’amour les textes courts. Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, écrire une nouvelle est un exercice bien plus compliqué qu’un roman. Il faut être percutant en peu de mots et happer le lecteur dès les deux premières phrases, max. Là où le roman permet de plus prendre son temps. Les contraintes de la nouvelle offrent un challenge dans lequel mon cerveau se complait et qui me délasse.
Les contraintes de la nouvelle offrent un challenge dans lequel mon cerveau se complait et qui me délasse.
Comment nourris-tu ton imaginaire, tes histoires ?
De toutes les façons possibles ! Un mot, une phrase, un son, une odeur, une sensation, un article de journal, une photo, un rêve (ou cauchemar) … tout est prétexte à mon cerveau pour se mettre à mouliner. J’ai sans cesse des bouts d’histoires qui se forment en arrière-plan et qui réclament à sortir.
Si je devais écrire tout ce qui trotte dans ma tête, il me faudrait trois vies. Minimum. Je fais donc des choix, hélas.
Et puis, bien sûr, je lis. Beaucoup. Tout le temps. Même si je me couche à 5h du matin, je lis quelques pages avant d’éteindre (bon, j’avoue que je les relis le lendemain en général).
Quand j’étais gamine, mes parents en avaient marre de me voir tout le temps avec un bouquin à la main, alors ils avaient fini par m’interdire de lire à table. Ils ont renoncé après quelques jours : je lisais en boucle les étiquettes de la bouteille de ketchup ou le dos de la boîte de céréales.
Qu’est ce qui t’a poussée à écrire, à être éditée ou à t’auto-éditer ?
Avant même de savoir écrire, je racontais des histoires que j’inventais. J’ai continué en les couchant sur le papier. Je ne peux pas dire que quelque chose m’a poussée, je crois que c’est un état naturel. Je pense que j’abrite une sorte de parasite d’origine extraterrestre qui fait sa vie dans mon crâne et me balance les histoires. Je n’ai pas l’impression de contrôler grand-chose à l’état conscient !
En revanche, il m’a fallu plusieurs décennies avant d’accepter l’idée que ce que j’écrivais pouvait avoir une valeur littéraire et intéresser des lecteurs. J’ai fini par sauter le pas et ça a marché ! Ce qui ne m’empêche pas de continuer à souffrir du syndrome de l’imposteur et de ressentir toujours le même stress quand j’envoie un manuscrit à un éditeur ou quand je publie un nouveau livre en auto-édition. Le doute constant est mon fidèle compagnon (un peu envahissant parfois, il faut l’avouer)
Mais voyons le positif : cela signifie aussi un enchantement chaque fois renouvelé quand je signe un nouveau contrat ou quand les lecteurs me font des retours enthousiastes.
Peux-tu nous raconter ton parcours dans l’édition ?
Comme je l’ai dit plus haut, écrire m’est aussi naturel (et indispensable) que manger, boire ou respirer. Donc, l’acte d’écriture n’est jamais réellement une épreuve, même quand mes personnages n’en font qu’à leur tête ou que je dois écrire une scène difficile.
Par contre, j’ai découvert toutes les difficultés et le parcours du combattant de l’aventure éditoriale, qu’il s’agisse d’édition traditionnelle ou d’auto-édition. Je crois que j’ai commis toutes les erreurs et maladresses possibles au fil des années !
Et encore, j’ai eu la chance de ne tomber que sur des éditeurs très honnêtes et passionnés. Comme dans tous les milieux, l’édition traîne son lot de personnes malhonnêtes et imbuvables sur le plan humain.
J’ai connu aussi quelques déconvenues, maisons d’édition qui ferment définitivement et contrats très limites, mais dans l’ensemble ça se passe bien.
Pour le versant auto-édition, j’ai fait en sorte de me professionnaliser autant que possible, afin de proposer aux lecteurs des ouvrages de la même qualité que ce qu’ils peuvent trouver dans les rayons des librairies. Qu’il s’agisse de la forme ou du fond, je m’entoure de pros : correctrice, graphiste, illustratrice, imprimeur… Je suis des masterclass, je me forme sur certains logiciels. C’est chronophage mais j’adore ça !
Peux-tu répondre à la question que tu aurais aimé que l’on te pose et qu’on ne t’a jamais posée ?
On me demande souvent quel mon auteur préféré, mon roman préféré, mon genre littéraire préféré… À mon grand étonnement, personne ne m’a jamais demandé quel était mon mot préféré.
Il s’agit de « dégingandé ». Un de ces mots un peu bancals que personne n’écrit ou ne prononce correctement, cousin d’infarctus et d’obnubiler. Mais en plus, dégingandé n’est pour ainsi dire jamais utilisé à l’oral. On le trouve principalement dans de vieux romans et la plupart des gens ne connaissent pas sa signification. Pour ne rien arranger, il est très moche, à l’oral ou à l’écrit. Toutes les conditions sont réunies pour que je l’adore, en somme !
Merci Céline Saint-Charle pour avoir répondu à toutes ces questions!
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