Livre d'Architecture : La Maison Rurale en Haute-Auvergne'

PRÉSENTATION DES PAYS DE LA HAUTE AUVERGNE

Le Cantal, c'est avant tout un point central, sorte d'immense cône comprenant de hautes cimes dont le sommet culminant est le Plomb (1 858 m). Ces pays aux formes variées, dues à l'érosion plus ou moins grande des roches volcaniques, sont dispo­sées en zones concentriques entourant de vastes dépressions centrales. 

Mais le Cantal n'est pas strictement cette masse de hautes montagnes; l'activité volcanique s'est ter­minée par l'épanchement de vastes coulées de basalte ayant formé des plateaux triangulaires rayonnant autour des sommets et prolongeant le Cézallier au Nord et l'Aubrac au Sud-Est. S'abaissant d'abord très rapidement puis en pente très douce jusqu'à l'altitude 1 000 m, ces nappes volcaniques, vouées à l'élevage, sont profondé­ment séparées les unes des autres par de riches val­lées qui s'élargissent progressivement pour se diri­ger vers trois bassins : l'Allier, le Lot et surtout la Dordogne. 

Cet ensemble de pays de montagnes, occupant la plus grande partie de la surface définie administra­tivement pour le département, l'est non seulement par son relief mais aussi par son climat. Les ver­sants Ouest du massif sont très humides. La séche­resse est par contre la caractéristique de ceux de l'Est. L'Ouest reçoit l'humidité des vents océa­niques, alors que l'Est n'a que les vents qui, après s'être heurtés aux cimes se sont élevés et desséchés sans perdre de leur violence. 

Autour du massif et des plateaux qui en sont les dépendances étroites, représentant un volcan de 80 km de diamètre, on distingue un ensemble de terroirs variés n'ayant pas ou peu de rapports directs avec l'économie de la « Montagne». 

Au Nord, Nord-Est, le Cézallier, grande étendue volcanique dépouillée, de 1 200 m d'altitude en moyenne, est le domaine de la transhumance bovi­ne. Au Nord-Est le bassin de Massiac, petite enclave sédimentaire au sol argilo-calcaire, où le paysan est viticulteur et horticulteur. Plus à l'Est, au-delà de la Planèze de Saint-Flour, s'étend la Margeride, terre granitique dont les crêtes se relè­vent à l'extrémité de la couverture basaltique et qui devrait appartenir au Velay, si, pour plus d'égalité dans les surfaces départementales, on ne l'avait dévolu au Cantal. 

Séparé de la Planèze au Sud-Est par les gorges de la Truyère, voici l'Aubrac cantalien représenté par le canton triangulaire de Chaudes-Aigues. Hautes terres volcaniques et pastorales à l'image du Cézallier, mais d'orientation méridionale, l'Aubrac est en marge de l'Auvergne bien qu'il s'y rattache par son économie. 

Poursuivant le large tour du volcan, jusqu'aux limites de l'Aveyron s'étage le canton du Carladez, riche plateau entaillé par de riantes val­lées. Encastrée dans un fossé délimité par Je socle schisto-granitique et accolée au massif, on découvre la plaine tertiaire d'Aurillac, région alluvionnaire semée de domaines où la culture le dispute à l'élevage. 

Sur toute la pointe Sud-Ouest du Cantal, de Laroquebrou jusqu'à la vallée du Lot, les vieilles collines de la Châtaigneraie faites de schistes truffés de granite forment une succession de pla­teaux de 800 m d'altitude en moyenne. La Châtaigneraie avec ses landes, ses bruyères et ses moutons englobe le bassin de Maurs et la dépres­sion du Veinazès. 

En remontant jusqu'à Saint-Cernin. on est là en Xaintrie granitique, elle est au Limousin pour les géographes, à l'Auvergne pour les historiens. Prolongeant la Xaintrie au Nord-Ouest, le Champagnagés nous ouvre les portes de l'Artense pays d'entre la Dordogne et la Rhue. Coupée de gorges profondes, l'Artense est une annexe des deux massifs volcaniques tout proches dont les gla­ciers ont jadis arraché des rochers morainiques venus ponctuer ses minuscules terrains.